Ami j'écris pour que tu saches
Que nos ormeaux sont morts et que c'est grand pitié
Que nous avons perdu leurs feuillages alliés
Des saisons et de nous, leur amitié sans tache.
Celui qui les avait plantés
Était mon bisaïeul, Jean Sébastien Eugène
Homme de foi et qui croyait à la beauté
À la force d'amour des ormes et des chênes.
Or, cet amour nous fait défaut
Qu'il nous avait légué à travers les ormeaux.
Nous sommes en grand deuil et c'est un mauvais signe
Quand les arbres s'en vont d'une tumeur maligne.
Nous les pleurons comme des frères.
Qui nous maintiendra bonne terre
Nous fera les matins plus beaux
Puisque nous n'avons plus d'ormeaux ?
Catherine Paysan
52 poèmes pour une année
Les éditions ouvrières, 1982