Les arbres avares en pleur
(Souvent il pleut de manière
Incompréhensible en automne
Comme des giboulées de mars
Entre deux éclaircies qui paraissent
Incongrûment printanières)
Regardent tomber leurs mains
Noires ce dont ils n'étaient prodigues
Que pour le montrer cet habit
Vert (d'une superbe à éblouir
Les humains à la peau terreuse)
Dont les poches et les doublures
taient bourrées de cet or
Faux de pacotille auquel
Ils s'accrochent comme au mensonge
Qui les faisait tenir debout
Les humains eux se couvrent doublement
De vêtements sombres et s'en vont
Courbant le tronc de leur échine
Au-delà des arbres vers quelles
Autres illusions moins que celles-là
Passées de saison.
Jean-Claude Valin
Arrhes poétiques
Le Pont de l'Épée, 1967