2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 07:15

 

       Si j'ai dansé, cette nuit-là, c'était avec un peuplier...

       de mes deux mains j'ai ceint sa haute taille svelte

       Et sur le Mont Sannine un oiseau a crié

             de joie et de stupeur

       car il ne savait pas, cet oiseau blanc, qu'en mon vieux pays celte

       où les étangs sans fond stagnent dans leur torpeur

les grands arbres ainsi parfois s'en vont, trois par trois reliés,

       bras dessus, bras dessous, faîtes un peu pliés

pour danser sous la lune avec ceux qui les aiment...

       Qu'il était beau, cette nuit-là, mon peuplier !

Ses bourgeons sur mon front avaient entorsadé leurs diadèmes...

Aux quatre vents du ciel j'avais jeté mes deux souliers

pour mieux sentir sous mes pieds nus les tendres fleurs que l'Avril sème...

Et très loin, sur la mer, nous voyions passer les trirèmes...

Rappelle-toi, ce matin-là, en m'enlaçant, tu avais brisé mon collier

Si j'ai dansé, cette nuit-là, était-ce avec un peuplier

Ai-je clos dans mes mains sa haute taille svelte ?

Le Mont Sannine était-il là et l'oiseau blanc a-t-il crié

             de joie ou de stupeur...

N'étions-nous pas plutôt tous deux là-bas, en mon vieux pays celte

où les étangs sans fond stagnent dans leur torpeur

laissant flotter sur eux cette étrange vapeur...

       l'ombre des guerriers morts de peur

       en serrant sur leur sein leur inutile pelte ?

Était-ce toi, étaient-ce nous ? Y avait-il un peuplier

Ou Merlin nous touchant avec son bois de coudrier

avait-il enchanté nos cœurs troublés d'impénitents bohèmes ?

       Et l'heure que marquait le divin sablier

S'était-elle arrêtée en se riant de ces ardents poèmes

       dont nous tracions chacun pour soi les mots, mots si vite oubliés !

Parce que rien de rien n'est vrai et que jamais ne vis, leurs faîtes repliés,

       les grands arbres danser avec ceux qui les aiment...

Dans ma forêt de l'Huelgoat onques ne fut de peuplier...

       Les chênes en croissant se sont multipliés,

       Et rêvant à ce temps où le Gaulois prit Delphes,

Seuls, sur les étangs morts, la nuit, dansent les elfes...

 

 

                                                                   Avril 1970

 

 

 

Jean Durtal

La fontaine du soir

Firmin-Didot, 1987

SG

 

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