chaque soir la sylve avec ses oiseaux
se déplace à l'heure où le butor lance
au bord des étangs son cri désolé
la forêt glisse au cœur du silence
à pas feutrés la forêt se déplace
chaque nuit à l'insu du garde-chasse
on ne peut décemment interdire
aux vieux chênes un brin de fantaisie
et tant pis pour ceux que cela dérange
en tout cas ça n'ennuie pas les mésanges
ni les chevreuils et surtout pas les anges
qui sont toujours heureux de changer d'air
le vent dans les feuilles mobiles chante
une chanson plus vieille que le temps
les anges reprennent en chœur cet air
connu des fantômes qui sont contents
dans les hameaux noirs où les ruines rêvent
Jean-Claude Pirotte
La boîte à musique
La Table Ronde, 2004