Brûler. Je songe à ma cendre
quand m'appellent des forêts.
Ô feux ! Mais à leur voix tendre
répond votre chant secret.
Je suis né pour cette fête
barbare, ces rites purs,
ce mortel assaut de bêtes
contre le défi des murs.
J'aime la gloire soudaine
des flammes, j'aime le bref
sursaut de passion, de haine,
du feu saluant son chef.
Brûler. Mon sang me calcine.
Pas un coin de chair ombreux.
Et si pourtant mes racines
trouvaient un sol généreux ?
Un peu d'eau, de sel. Le sable
d'où je sors verrait des fruits.
Non. De cette paix durable
la fin seule me séduit.
Je ne porte ni lumière
ni chaleur en mon corps mais
ce n'est qu'au centre des pierres
qu'on trouve un feu qui dormait.
Verdoyez, branches dociles
aux commandements des dieux.
Je montre mon bois fossile.
C'est lui qui flambe le mieux.
Liliane Wouters
Changer d'écorce
La Renaissance du Livre, 2001