Nous dormirons demain sous l'arbre de notre premier âge, où les racines apparaissent puis ne sont plus visibles. C'est le lieu que nous aimons, le seul peut-être qui nous émeuve assez. Plus loin nous ne savons pas, mais là, cette jointure fraîche, d'y penser nous fait frémir. Depuis que vous êtes morte et que vous habite une chimie nouvelle, nous feignons de dormir, notre main saigne à la trop tendre écorce, notre bouche s'irise d'une larme étrangère, depuis ce temps-là parmi les visibles roches. |
Roger Kowalski
Un sommeil différent
Traduction par Claude Michel Cluny
Le Différence, 1992