Toujours je fus ému par les arbres blessés
non les arbres d'automne
ils auront tout donné déjà dans les hauteurs
allégés ont levé leurs branches
et nus se sont dressés vers le ciel
en éternelle nudité
non les arbres soumis les arbres héroïques
la hache leur a tranché les veines la hache
la servante de l'homme pourtant si nécessaire
Arbres fendus par un éclair
par l'incendie victimes de la guerre
Ils sont ici encore ici confus
comme de vieilles femmes déshonorées par le barbare
noirs comme charbon
tout noirs
Ils sont debout et leur sanglot accuse
ils crient :
Hommes nous n'avons rien voulu de vous
nous vous donnions de l'ombre
à votre fatigue
à votre sueur
nous donnions de l'ombre
Pavol Horov
Traduit par Serge Brindeau
Anthologie de la poésie tchèque et slovaque
par Jacques Gaucheron
Messidor, 1987